Lois de Platon

Le Livre des Lois de Platon

La magie « Sihr »

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La magie est appelée « Sihr » en langue arabe classique. Ce terme ne fait aucune distinction entre magie et sorcellerie, et désigne aussi bien les maléfices les plus malfaisants que les formules secrètes, les amulettes, talismans et charmes, qu’ils soient bénéfiques ou maléfiques.

Des origines liées à l’Islam

Plus que dans la tradition occidentale, la magie est liée à la religion, à l’islam, même si celui-ci officiellement la condamne. Parce que l’efficacité de la magie est officiellement acceptée dans le Coran et le Hadith. Dans la civilisation islamique du Moyen-âge, les sciences occultes étaient un sujet officiel qui a donné lieu à de nombreux écrits. Elles se caractérisent par la subtilité de la façon dont s’exerce leur influence sur les individus. Traditionnellement, les magiciens ont le pouvoir de manipuler des objets occultes. Ils savent éblouir, nuire, dérober les biens, provoquer des hallucinations, et ce par des voies dissimulées qui échappent à la conscience humaine.

Le Livre des Secrets Sacrés

Une partie de ces traditions vient d’un livre arabe du IXe siècle, le Kitab al-Nawamis (Le livre des Secrets Sacrés, également appelé Livre des lois de Platon, sans que le philosophe grec ait rien à voir dans sa rédaction). Trois chapitres seulement ont été retrouvés, mais une traduction en latin effectuée au douzième siècle en Espagne nous permet d’en savoir un peu plus. Le Liber vaccae (livre de la vache comme il a été dénommé sans doute postérieurement) montre des éléments magiques qui mettent en scène l’abattage sacrificiel avec mutilation d’une vache (ou à la rigueur d’un mouton), avec utilisation du sperme humain, du sang animal et de composants de nature alchimique pour arriver à générer des abeilles.
Une autre expérience permet d’appeler la pluie, grâce à un chien que l’on fait dévorer par un corbeau que l’on cuit pour obtenir des vapeurs qui feront pleuvoir. Fractionnement lunaire, mutations en géants, tours de prestidigitation sont également au programme de ce livre. Un livre qui se présente comme une base de recettes alchimiques qui ont sans doute été complétées au fil du temps.

Ce livre ancien a été relayé par de nombreuses pratiques, souvent liées à la seconde partie de la nuit, celle où l’on perd conscience, appelée « sahar » comme le poumon, partie du corps cachée. Le marché de la nuit (suq al-layl), par exemple, où grouille une foule de sorciers, tantôt d’apparence humaine, tantôt animale, voit chaque victime humaine sacrifiée après douze simulacres de libération.

Un brouillage du réel tel un mirage

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Portrait d’Howard Phillips Lovecraft
En islam, la magie consiste en un brouillage de la vérité effectué par des magiciens capables de créer des hallucinations. Ce qui est certain, c’est que de nombreux éléments pré-islamistes ont été intégrés par l’islam. L’animisme arabe, les pratiques de sorcellerie et de magie ont subsisté malgré les condamnations religieuses, et les pratiques nées de la tradition indo-arabe ont perduré à travers les siècles. Les pratiques des sorciers d’avant la période coranique avaient de nombreux points communs avec ceux des nations sémitiques, et l’héritage des premiers califes de Syrie est important.
L’importance de ces passerelles entre les pratiques est par exemple avéré par l’historique du Picatrix, nom d’un traité de magie médiévale et qui n’est que la traduction du Ghâyat al-hakîm de Maslama al-Mayriti.  Le monde arabe a toujours eu des pratiques de magie riches et diversifiées, que connaissait bien l’écrivain américain Howard Phillips Lovecraft. Il s’en est sans doute inspiré pour son traité de magie aussi fameux qu’imaginaire, le Necronomicon.

Téléchargement d’une version résumée du Necronomicon

Document pdf : Le Necronomicon

Pour approfondir …

Lectures complémentaires concernant le Necronomicon : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Necronomicon