Magie des Lettres

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Écriture Arabe

La science des lettres est encore connue en arabe sous le nom d’Ilm al Horuf. Il s’agit de la magie la plus puissante pratiquée par les occultistes arabes, en particulier par les savants islamiques ou les sages.

Cette science est basée sur les lettres ou al Harf, les carrés magiques, les quatrièmes éléments, l’art de la permutation et de la combinaison.

Ilm al Horuf

Un des modes les plus synthétique d’expression de la science sacrée en Islam est la science des lettres (ilm al-huruf). Pour développer une science de ce genre il est nécessaire à la base de disposer d’une Tradition reposant sur une langue sacrée comme cela peut être le cas avec le sanscrit, l’arabe ou encore l’hébreu. De part la forme et la morphologie de ses caractères, une telle langue est susceptible de devenir le véhicule de la Parole de Dieu. Dans la pure tradition arabe, il est dit que la langue aurait été offerte par Dieu lui-même au prophète Ismaël (Isma’il). Modifiée au fil des âges, elle s’était éloignée de son essence sacrée. Ca serait le Prophète Muhammad qui l’aurait rétablie dans sa pureté originelle. Le prophète a dit : « La plume est la première chose qu’Allah ait créé ». Depuis lors, l’écriture réalisa une mutation selon trois grands axes :

  • La science et l’étude des lettres
  • L’art de la calligraphie
  • L’art et la science de la magie des lettres

L’ancienneté de ces trois courants d’origine prophétique est d’ailleurs, signalons-le, attestée non seulement par les hadiths, mais également par la mystérieuse présence de lettres isolées que l’on trouve au début de certaines sourates coraniques.

C’est en Turquie que l’on retrouve les manifestations principales de l’art calligraphique. Certaines peuplades Kurdes ont conservé cet art ancestral et l’exercent toujours aujourd’hui.

La magie de l’écriture, quant à elle, s’est répandu sur l’ensemble de l’Empire Islamique et de l’Empire Ottoman. Evoluant en empruntant ce qui pouvait être intéressant dans les croyances de peuples conquis, une mutation s’est progressivement et spontanément effectuée. Mais l’essence même de cette magie est resté pure comme à son origine.

l’Jaljalutiah (la barde magique)

Les anciens ont soigneusement consigné des conjurations puissantes dans un style mélodique et poétique. La récitation quotidienne de ces conjurations leur fournissait un rituel magique complet. Cela couvrait de très nombreux champs d’action, du développement spirituel, à la protection, en passant par l’enrôlement des esprits pour aider les gens dans leur vie de tous les jours. Ces conjurations de maître et cette magie bardique sont une pratique rare de nos jours. Parmi les rares qui ont survécu, l’un d’eux est connu comme al-Jaljalutiah.

La tradition Al-mashiyya

Dans son Kitab al-Tawhid (Livre de l’unité divine), Mohammed ibn Abdelwahhab place la mashiyya comme un concept théologique et cosmologique central. Les références à al-mashiyya sont enracinées au plus profond de nombre de traditions chiites découlant de divers Imams. Parmi eux, la tradition suivante prêtée à Abi `Abd-Allah (Imam Ja’far al-Sadiq) qui est fréquemment citée et commentée :

« Il n’y a pas une seule chose dans les cieux et sur la terre qui n’est venue à travers ces sept facteurs (khiṣāl):

[1]

mashiyya (« la volonté de Dieu »);
[2]

IRADA (« l’intention de Dieu »);
[3]

qadar (« la prédestinée divine »);
[4]

Qaïda (« l’accomplissement divin »);
[5]

idhn (« L’autorisation divine »)
[6]

kitāb (« le livre saint »);
[7]

ajal (« le temps alloué par Dieu »).

Et quiconque prétend être capable de violer cette unité est assurément un infidèle »  (Kulayni, al-Kafi, 1: 149).

Un hadith presque identique à ce qui précède est rapporté par Abu’l-Hasan ibn Musa Ja`far, qui s’exprime ainsi :

« Il n’y a pas une seule chose dans les cieux et sur la terre qui n’est venue à travers ces sept :
[1]

Qaïda (« l’accomplissement divin »);
[2]

qadar (« la prédestinée divine »);
[3]

IRADA (« la divine Intention »);
[4]

mashiyya (« la volonté de Dieu »);
[5]

kitāb (« le livre saint »);
[6]

ajal (« le temps alloué par Dieu »);
[7]

idhn (« la divine autorisation »).
Et quiconque suppose autre chose que ce schéma attribue assurément un mensonge à Dieu qui doit être exalté et glorifié. »

Une science ésotérique: Al Jafr al Jamey

D’après un texte du Dr Qazi Cheikh Abbas Borhany, Shahadat al A’alamiyah (Najaf, Irak), Membre du Conseil des oulémas du Pakistan

Al Jafr al Jamey“, aussi connue sous l’appellation “ilm al-Jafr“, est la science de la vision qui ouvre les fenêtres sur le monde invisible. Ce n’est pas une science nouvelle.

Elle est également connue comme la science des lettres (Ilm al Ḥurūf) qui permet d’évaluer les événements à venir. La science du numérique et du symbolisme des lettres, “al Jafr“, selon les maîtres de la science dans l’Islam, aurait été inventée à l’origine par Nabavi  puis transmise à travers “Bab Madinat ul ilm“, Ali ibn Abi Talib (AS). “Jafr” est attribué à Ali ibn Abi Talib (AS). Il joue un rôle vital dans le Ta’wil du Coran (interprétation symbolique). Harun bin Saeed al Ijili était l’un des éminents spécialistes qui ont étudié le Coran en profondeur. L’une des méthodes employées par les personnes qui se livrent à cette étude consiste à comparer les formes symboliques avec des valeurs numérologiques de la lettre. La principale différence entre « abjad » et « Jafr » est, que le premier se réfère à ce qui est déjà arrivé et le second à ce qui est susceptible d’avoir lieu dans l’avenir.

Selon les philosophes de l’Islam, Ilm al Horuf est une science qui traite à la fois du passé et de l’avenir. Cette science a été pratiquée par le Awliya de tous temps. Ils ont utilisé cette source de connaissances pour la bienveillance de l’humanité, lorsque cela était nécessaire.

Auteur de “Basa’ir al Darajat“, Hasan al Saffar, écrit plus tôt concernant le travail de “al Kulayni” :
« Il y a 2 types de “Jafr“, la blanche et la rouge. La “Jafr” blanche contient les Écritures précédentes par exemple, le “Zubur“, les psaumes de Nabi Dawood (AS), la « Torah », l’ancien Testament, le nouveau testament et même le “Suhuf“. La “Jafr” Rouge est un sac de cuir qui contient les armes de la Anbiya. »

Cette science a une grande importance dans l’école de pensée soufiste.

Dans le cours de l’histoire musulmane, les intellectuels ont écrit de nombreux traités sur le sujet étonnant qu’est « al Jafr », majorité d’entre eux ont été détruits par les monarques omeyyades et abbassides tyranniques.

L’une des principales sources, qui subsiste encore aujourd’hui, heureusement, est la contribution de l’Imam Ahmad al Mastur, qui est mieux connu parmi les philosophes sous le nom de « Al Shakhs al Fazil, Saheb al Rasail Ikhw’an al Safa » (4e siècle). On l’appelle plus simplement « al-Rasail ». Dans le « Rasail » il est dit que « Al Jafr » ou « al ḥurūf » apportent à l’homme un supplément. Ce « Rasail » est la preuve suffisante de l’importance des « al Jafr », comme un accès à la connaissance du monde invisible. Chaque Hurf, mot signifiant une action surnaturelle, ouvre une nouvelle perspective de l’apprentissage. De même, “al Adad“, la science des nombres, est considéré par “Ikhw’an al Safa“, comme le chemin menant au Tawhid (la foi).

Méthode et pouvoir des mots

« Al Jafr al Jamey » peut être appelée Numérologie musulmane. Le groupe de lettres ci-dessous épelle le mots ABJAD.

Alif = 1, Bey = 2, Jeem = 3, Daal = 4

“Hawwaz”, “Hutti”, “Kalaman”, “Sa’fas”, “Qarshat”, “Sakhaz”, “Zazigh”

Le mot abjad est une abréviation provenant des quatre premiers ḥurūf, Alif, Baa, Jeem, Daal. En tant que tel abjad désigne les lettres de l’alphabet en Arabe. C’est de là que vient l’expression « ḥurūf al Abjad ». Aujourd’hui l’alphabet Arabe ne suit plus la séquence de l’abjad qui est une forme très ancienne de l’ordre des lettres. Les Scholars ont une divergence d’opinion sur l’origine du mot ‘ABJD’; soit il est Arabe ou bien Hébreu, ou encore phénicien ou d’une autre origine. Mais la séquence est extrêmement ancienne. Bien que généralement les lettres ne sont plus utilisées en tant que numéros, cela ne signifie pas que les associations numériques sont désuètes. Les esprits et les alphabètes ont investi d’une signification mystique les lettres et leurs valeurs numériques associées.

Chaque lettre de l’alphabet Arabe a une valeur numérique (géométrique). En d’autres termes, en Arabe, chaque lettre représente un nombre. Un certain nombre de calculs peut être fait sur cette base. Ceux-ci sont dénommé calculs numérologiques (abjad) ou « His’ab al Jumal ». Les Musulmans profitent du fait que chaque lettre de l’alphabet représente un nombre et l’utilisent dans certains nombres de domaines. « Jafr al Jamey » est l’un de ceux-ci.

Lorsque certains Ay’ah du Coran sont examinés à la lumière de la méthode “abjad”, nous voyons un certain nombre de dates émerger, elles sont en pleine conformité avec les significations de celles des Ay’ah.

Quand nous voyons que les choses mentionnées dans ces Ay’ah se sont réellement passées à ces dates obtenues par ce procédé, nous comprenons qu’il y a une indication secrète concernant ces événements dans les Ay’ah. Tous les ḥurūf du Coran sont comme des codes secrets, dont la clé est disponible auprès de celui qui en est le dépositaire. Les réalités divines sont cachées dans le Coran. Sa valeur intérieure est au-delà de la portée et des capacités du commun des mortels.

Cette méthode de calcul est une forme d’écriture qui remonte à plusieurs siècles, et qui était largement utilisée avant la Nuzul du Coran. Tout ce qui est arrivé dans l’histoire arabe était écrit en attribuant des valeurs numériques aux lettres, et donc la date de chaque événement était enregistrée. Ces dates ont été obtenues par l’addition des valeurs numériques particulières de chaque lettre utilisée.

Très peu de gens peuvent se servir de « al Jafr », qui lui-même est très difficile. C’est un très vaste océan qui contient des réalités étonnantes avec de nombreuses approches mathématiques différentes.

La science elle même ne peut pas percer les secrets des signes de Qudrat, mais elle reconnaît aujourd’hui l’existence d’un certain nombre de questions par rapport à la découvertes des Ecritures antérieures et concernant le Coran. Les inventions scientifiques qui ont vu le jour postérieurement aux Ecritures sont parfois utilisées à des fins de destruction. Contrairement à elles, les sciences divines ne peuvent pas être utilisées pour des fins malveillantes. C’est malheureux que gens ne fassent pas attention à cette science ésotérique, et cherchent à en tirer profit. Cette science peut être utilisée pour supprimer les mauvaises influences de la vie, pour trouver l’amour, pour obtenir un meilleur emploi, remédier aux problèmes de santé, obtenir la prospérité, augmenter ses revenus et pour un certain nombre d’autres choses.