La magie vaudou

Cet article lève le voile sur la magie vaudou à travers les origines du culte vaudou, les fondements de ses croyances, ses divinités les plus célèbres, et ses rituels les plus courants.

rituel vaudou
Pratiques vaudou à Haïti

Les origines de la magie vaudou

Le vaudou prend sa source dans différentes pratiques magiques qui mêlent sorcellerie et rituels en provenance d’Afrique de l’Ouest, et plus particulièrement du Dahomey (actuel Bénin). L’origine du mot « vaudou » est aujourd’hui encore incertaine. Il proviendrait du mot « Vodun » et signifierait « esprit » dans le dialecte parlé au Bénin, le fon. Développé en Haïti par les esclaves et les noirs libérés, on le retrouve également dans certaines communautés réparties dans le monde entier, globalement afro-américaines et majoritairement présentes sur le continent américain, dans le sud des États-Unis (en particulier en Louisiane) ainsi qu’aux Antilles, à Cuba, à Trinité et au Brésil. Il représente une expression de la spiritualité des millions d’Africains victimes de la traite esclavagiste au XVI e siècle, déportés dans les colonies du Nouveau Monde pour servir de main d’œuvre. Ils furent notamment débarqués sur l’île de Saint-Domingue (futur Haïti) et ont par la suite implanté leurs racines à travers leurs descendants qui se sont installés ou ont émigré essentiellement en Amérique du Sud et dans la Caraïbe.

Le culte des esprits

C’est sous cette forme popularisée du « Culte des esprits », qui mêle pratiques religieuses et magiques africaines, et culte catholique, qu’est né le Vaudou et que s’est ensuite enraciné le Vaudou Haïtien, mélange entre les divinités africaines d’origines Yoruba prénommées Orixhas, et les Saints de l’Église catholique. Il serait né de l’oppression des Européens et de la lutte des esclaves pour conserver leur attachement à leurs pratiques religieuses ancestrales. On peut aussi y voir une évolution et une revalorisation de divers systèmes de croyances par les esclaves qui appartenaient à grand nombre de groupes ethniques différents. Ils sont parvenus à se réunir autour d’une religion africaine unique, qu’ils ont réinventée en s’appropriant des éléments de dogmes empruntés à la religion catholique et aux différentes ethnies. Ce que l’on nomme communément religion n’est donc pas à proprement parler une religion, mais un culte mystique qui résulte de la fusion de plusieurs religions et qui possède quantité de rites. Il n’en demeure pas moins vrai qu’il fait office de religion auprès de la majorité de la population haïtienne. Même s’il ne représente plus aujourd’hui la première religion, il y est encore très vivant et tout aussi populaire. La dimension magique, elle, est très présente dans la pratique vaudoue.

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Véritable Poupée vaudou traditionnelle

Les fondements de la magie vaudou

La magie Vaudou se fonde sur une conception duale de l’Univers qui admet que toute chose et tout phénomène naturel possèdent une nature à la fois matérielle qui est de l’ordre de l’humain, et spirituelle qui renvoie à des forces invisibles, et qu’un système permet aux hommes d’entrer en relation avec elles. Présentes partout et en toute chose, ces forces gèrent le Monde et forment dans leur ensemble l’être suprême constitué d’une paire de divinités Lissa-Mawu, communément appelé Mawu, qui se traduit par « ce que nul ne peut atteindre » ou encore « l’inaccessible ». Cette entité définit l’origine et la fin de l’existence.
Autour de l’entité Mawu gravitent des esprits et des génies divins, auxquels s’ajoutent les esprits ancestraux des défunts. Dévoués à la Nature, ils incarnent les puissances sous-jacentes à l’existence, présentes dans les arbres, l’air, la terre, l’eau… Ces voduns, conduits par Mawu, servent d’intermédiaire entre les hommes et le monde divin et reçoivent les cultes des fidèles. Ils habitent chaque chose, et les hommes les invoquent pour solliciter leur protection ou leur intervention.
Le fondement de la croyance vaudou n’est pas celui d’une orthodoxie rigide, mais d’une certaine vision du monde et de l’être humain dont l’existence est régie par ces doubles forces naturelles et surnaturelles qui interagissent en permanence conditionnant le quotidien comme les événements marquants de ses fidèles. Les dyades « mal/bien », « inerte/vivant », « sacré/profane », « ordinaire/extraordinaire », sont indissociables, tout comme « magique/divin » sont indifférenciés. Le vaudou enseigne à ses adeptes comment entrer en contact avec ce côté invisible de l’existence et comment y trouver de l’aide ou s’en protéger. Tous les rites vaudous découlent de cet apprentissage.

Les divinités du vaudou

Vodou
Asson Vaudou et clochette rituelle  

Il est quasi impossible d’établir une liste exhaustive de ces forces de la nature qui constituent le panthéon sacré de la mythologie vaudou. Ils sont légions, certains sont réunis en catégories (lwa) dont les noms changent d’une communauté à l’autre. Ils sont représentés par des dessins symboliques sacrés (vèvè) qui représentent leurs attributs.

Parmi les plus célèbres, nous citerons, à titre d’exemple :

– Sakpata (chakpana) : vodun de la terre. Il possède un immense pouvoir, propage la variole, et suscite la crainte au point que personne n’ose prononcer son nom.

– Xêvioso (shango) : vodun du ciel. C’est un génie justicier qui châtie voleurs, menteurs, malfaiteurs et criminels et se manifeste par la foudre.

– Legba : vodun de l’imprévisible, de l’intelligence et de la ruse, gardien des portes de l’invisible, c’est un génie contradictoire, protecteur, mais aussi coléreux, qui devient malfaisant à minuit et peut semer la discorde et le chaos.

– Danbala : vodun du serpent qui procure prestige, richesse et bonheur à ceux qui savent l’accueillir.

– Fa : vodun de la divination, qui apporte toutes les réponses.

– Gu : vodun du fer et de la guerre. Un génie vengeur très craint qui protège et punit, à qui l’on attribue volontiers de nombreuses morts mystérieuses ou suspectes qui surviennent en pleine journée.

Chaque fidèle s’attache à un Vodun en fonction de son contexte familial, son appartenance à un groupe, par simple choix personnel ou par initiation. Dans ce dernier cas, l’initié devient Vodun, soit l’« épouse du Vodun ».

Les rituels inhérents au vaudou

Magie blanche, magie noire et magie rouge coexistent au sein d’une seule et même pratique et peuvent tour à tour être sollicités (désenvoûtement, charme de séduction, guérison de malade, obtention d’un examen, rituel de vengeance …). Les rituels se déroulent à l’occasion de cérémonies secrètes dans un temple du culte vaudou, le Hounfor, un lieu d’apparence toujours très sommaire qui accueille l’autel vaudou et les objets du culte vaudou utilisés par les prêtres (Hougan) et les prêtresses vaudous (Mambos). Des rites d’ « incorporation » permettent aux sorciers vaudous d’invoquer les esprits. Au terme de danses collectives frénétiques et de consommation de substances favorisant l’entrée en transe, les esprits prennent possession des sorciers vaudous qui pourront alors jeter ou rompre charmes et maléfices, distribuer richesses, réussite et bonheur, ou encore ressusciter des morts (zombies) et les réduire en esclavage. Ces séances peuvent aussi se tenir sous forme de consultations personnelles dans le badji, une chambre sacrée du Hounfor où les prêtres vaudous exécutent les traitements demandés. Parmi les rituels les plus courants, nous citerons :

les sacrifices d’animaux,
– la magie (poupées vaudoues),
– la divination,
– les prières et les libations,
– les danses de possession,
– le fétichisme,
– les processions.

A noter que certains rituels vaudou tels que l’envoûtement par les figurines, sont soumis à la loi du karma.

Sans que l’estimation puisse être vérifiée, le nombre d’adeptes pourraient s’élever à 50 millions de pratiquants. Les fidèles regrouperaient toutes les petites communautés vaudou qui se sont développées hors de Haïti, et plus particulièrement en Amérique Centrale et aux Etats-Unis, ainsi que dans le reste du monde.

Pour approfondir …

Comme lectures complémentaires concernant le vaudou je vous conseille le livre Le sabbat dans Central Park de William Hjortsberg. Cet ouvrage a été retranscrit au cinéma dans un très bon film avec Mickey Rourke et Robert De Niro : Angel Heart

L’histoire se passe à New York en 1955. Harry Angel, un détective privé, est engagé par un étrange client, Louis Sypher, pour rechercher un certain Johnny Favourite… Au fur et à mesure de l’avancement de l’enquête, l’auteur nous plonge dans une atmosphère glauque teintée de Vaudou et de sacrifices humains. Les cadavres s’ammoncèlent. Même si le film d’Alan Parker est une adaptation assez éloignée du bouquin, l’atmosphère pesante de ce dernier est parfaitement rendue tout au long du film.

Vodoun
Mouton conduit cérémonieusement par deux houn’sih