Haute magie

Article initiatique à la Haute Magie

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La magie est la production d’un effet souhaité, intérieur ou extérieur au magicien, par l’utilisation délibérée de pouvoirs et de facultés appartenant à la psyché.

L’effet peut également être obtenu par l’action d’entités ou d’énergies indépendantes de la psyché du magicien, mais le processus doit rester dans sa totalité sous le contrôle du magicien et dépendre de sa propre volonté. Cette condition est indispensable.

Les effets, qui tiennent du phénomène miraculeux ou qui naissent spontanément du psychisme, causés par l’état de médiumnité ou encore dérivant d’un cas de possession, ne peuvent être qualifiés de magiques.

Distinction entre haute magie et sorcellerie

Le domaine de cet article est la « Haute Magie ». La Haute Magie et ce que l’on pourrait appeler « basse magie », qui correspond à la sorcellerie, sont régies par la définition que nous venons de donner. Elles se distinguent par le niveau des pouvoirs mis en œuvre au cours des opérations et non par leurs objectifs propres. Il est tout à fait possible de réaliser un rituel de Haute Magie ayant un but purement utilitaire, par exemple devenir plus prospère ou gagner un procès, ou d’user efficacement de basse magie pour une cause altruiste.

La Haute Magie repose sur l’existence des quatre mondes, ou niveaux d’existence, qui structurent à la fois l’univers dans toute sa dimension et la psyché de l’être. Il existe ensuite une quantité de directives pour la réalisation des différentes formes d’évocation ou d’invocation. Sans vouloir anticiper sur ce sujet, on doit bien marquer ici que pour obtenir les résultats les plus concrets ou pour atteindre les objectifs les plus nobles, les moyens magiques requis mettent en action tous les niveaux de l’être et de l’univers extérieur, depuis les plus spirituels jusqu’aux plus matériels.

C’est cette démarche qui est qualifiée de Haute Magie. Les cultes que l’on considère comme étant de nature magico-religieuse se prêtent particulièrement bien aux travaux de haute magie. Par exemple, ceux de Babylone et de Chaldée, dont les principales croyances se sont intégrées à la trame de la tradition des mystères d’Occident. Il en est de même des religions antiques et des rameaux mystiques des grandes religions monothéistes. Dès lors, notre système magique doit avoir la capacité, au moins dans ses potentialités, d’intégrer l’un de ces cultes, et également se prêter à une utilisation par un magicien détaché de toute contrainte dogmatique.

L’école de sagesse de l’Occident

La tradition occidentale se distingue par son équilibre et sa plénitude, fruits d’une longue maturation à travers l’influence de penseurs tels que Plotin, Proclus, Avicenne, Salomon ibn Gabirol ou Marsilio Ficin. Elle se déploie suivant quatre approches, à la fois distinctes et simultanées. C’est une vision de l’univers à chacun de ses niveaux d’existence et de leur interaction dynamique. C’est une perception de l’homme qui s’accorde avec les concepts de la psychologie contemporaine tout en la dépassant. C’est la base et le support d’une haute magie dont l’efficacité est fondée sur ses vues de l’univers et de l’homme. Et enfin, couronnement de la tradition en même temps que son œuvre majeure, c’est un processus initiatique d’illumination qui guide l’aspirant, lui confère tout pouvoir sur le développement de ses facultés intérieures et le place sur la voie de l’authentique accomplissement de sa destinée.

Cette école de sagesse est dite d’Occident, car elle reste compatible avec un mode de vie occidental et que son évolution demeure intimement liée à l’histoire de notre culture. Évidemment, cette qualification ne nous conduit pas au rejet des concepts et des sources orientales. La référence à Pythagore et aux cultes de mystères postclassiques nous en dissuaderait, autant que les grands courants transculturels, le bouddhisme par exemple, qui ont pu pénétrer la chrétienté, l’islam ou le judaïsme à travers les Hésychastes, les lsmaïlis ou certains enseignements du Zohar.

Entièrement adaptée à l’usage occidental, intégrant un corps de concepts et une pratique spécifiquement occidentaux, cette tradition se présente cependant comme l’affirmation de l’unicité de l’homme, de l’homme des temps anciens ou du présent, d’Occident ou d’Orient.

Un tel système de pensée et d’illumination nécessite un outil puissant

Progressivement, depuis Babylone et l’Égypte, à travers les écoles de Constantinople et d’Alexandrie, grâce à l’incomparable dépôt mystique de l’Espagne médiévale précédent l’ère de l’Inquisition, les éléments de l’outil furent élaborés et amoureusement ajustés par des générations de maîtres et de disciples. Ce fut la Kabbale.

Le champ de la Kabbale est si vaste et ses contours d’apparence si flous et multiples que, inévitablement, elle s’est partagée et modelée au gré des orientations et des préoccupations de ceux qui s’en réclamaient. Schématiquement, il existe une Kabbale « traditionnelle » considérée comme mystique et contemplative et une Kabbale « moderne » à vocation magique. La distinction n’est pas absolue. Le glyphe fondamental qu’est l’Arbre de vie et certains textes sont communs aux deux aspects. Cependant, les divergences s’accroissent avec le temps et sont maintenant très marquées du fait des œuvres d’Aleister Crowley et de Dion Fortune, pionniers de la Kabbale magique.

L’Aurum Solis1 se réfère à la Kabbale « moderne ». En dehors de ses travaux de recherche sur la tradition ogdoadique, l’essentiel de sa tâche a consisté à extraire les concepts fondamentaux de la Kabbale, à les détacher de leurs spécificités de nature historique ou théologique et à les exprimer en un langage adapté à l’étude de la haute magie.

Le concept des correspondances

Le concept majeur de la Kabbale « moderne », que l’on retrouve dans toutes les formes de magie, est celui de « correspondances ». Cette notion étant si naturelle et si spontanément liée à la nature de l’homme, on l’expliquera plus facilement par l’exemple que par une définition. En dépit des différences générées par l’acquis individuel ou culturel, les gens s’accordent sur l’existence d’un rapport, d’une correspondance entre certaines couleurs ou certaines musiques et certaines émotions. Ces correspondances peuvent être utilisées pour se conditionner ou conditionner les autres : dans les domaines des performances athlétiques ou de l’industrie, de nombreuses recherches sont menées dans cette voie.

Dans le domaine magique, le concept de correspondance est connu depuis toujours, car il fournit un moyen immédiat de liaison entre les mondes matériel et non matériel. Au cours d’un rituel magique, l’esprit rationnel du magicien contrôle l’opération. Cependant, il ne peut appréhender directement ce qui se passe derrière la scène du monde matériel et contrôler l’action magique proprement dite. Quels que soient les entités ou les mondes impliqués, l’esprit rationnel devra faire intervenir le sub-rationnel comme interprète et agent. Les correspondances adaptées à ce rituel seront alors essentielles.

Toutes les correspondances de la Kabbale proviennent des « trente-deux sentiers » de l’Arbre de vie. La nature de l’Arbre et la signification de ses constituants se situent à la base de la compréhension de la Kabbale « moderne ». La plupart des correspondances : noms de pouvoir, noms angéliques ou d’autres entités, nombres, couleurs, parfums sont fournis. L’étudiant en Haute Magie devra posséder son propre cahier de correspondances, enrichi de toutes celles qu’ il découvrira par lui-même ou qu’il voudra avoir pour son usage personnel. S’il souhaite disposer d’une table quasi exhaustive, nous lui recommandons le « 777 » de Crowley (777 and Other Qabalistic Writings). La seule étude des dieux, plantes, objets, animaux mystiques ou réels lui sera d’une aide appréciable pour la compréhension du symbolisme d’un sentier particulier.

Le symbolisme et la tradition ogdoadique

Il nous reste à faire un bref survol de la tradition ogdoadique. « Ogdoadique » signifie « qui appartient au nombre huit ». Le terme « ogdoade », relatif au nombre d’Éons dans certaines doctrines gnostiques, est utilisé dans un contexte différent du nôtre. Pourtant, ici comme dans le cadre de notre tradition, le nombre huit a été choisi en raison de ses associations, ces mêmes associations qui confèrent huit rayons à l’Etoile glorieuse de régénération, le symbole distinctif de la tradition ogdoadique et donc de l’Aurum Solis.

Dans les textes des tablettes de Mésopotamie, l’étoile à huit branches, adaptée à l’écriture cunéiforme, accompagne le nom des dieux comme signe de leur nature divine. Pour les pythagoriciens, huit est le nombre de la perfection. Il symbolisait dans le domaine chrétien, la régénération. Dans la Deuxième Épître de Pierre (2,5), on trouve une référence quelque peu obscure au sauvetage des flots, de huit personnes dont Noé, sans autre commentaire ; comme si l’auteur supposait que ses lecteurs étaient des familiers de l’idée impliquée. L’étoile à huit branches ou la fleur à huit pétales ornait fréquemment le voile de la Vierge sur les icônes byzantines et figure encore aujourd’hui, en Grèce, sur les cartes de vœux envoyées à l’occasion de Pâques. Et ce n’est pas un hasard si le huit présente la même forme que le signe « infini ».

La gamme musicale des notes propose un autre symbole de renaissance et de régénération : la huitième note de la gamme montante est la même que sa note de base, sans être la même. Cicéron, dans le Rêve de Scipion, se réfère à ce symbolisme. Scipion l’Africain y révèle à son petit-fils les rapports du temporel et du spirituel. Il évoque les étoiles lointaines qui brillent au-delà des planètes et qui appartiennent à la Sphère des fixes. Elles représentent les régions de l’expérience spirituelle se tenant au-delà du champ des vicissitudes terrestres.

Plus proches, les orbites des sept luminaires (Soleil, Lune, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne) se situent sur un plan géocentrique.

A chacune des sept planètes, il assigne une note correspondant à la vibration qu’elle émet par sa course rapide dans l’espace. Ainsi la Lune ayant la première note et la plus basse, son octave supérieure appartiendra à la Sphère des fixes, établissant ainsi un pont entre le transitoire et l’éternel. Ce principe posé, Scipion ajoute : « Les hommes habiles ont imité cette harmonie par la corde et le chant. Alors ils ont ouvert la voie de leur retour vers cette région. »

Cette conception de l’univers fut généralement acceptée jusqu’à la fin du premier millénaire de notre ère. Après cette période, la Terre, bien que non encore considérée comme une planète, mais recevant toutes les influences de l’univers, fut incluse dans la gamme cosmique. Nous verrons plus loin l’importance de ce facteur sur la pensée occulte. Mais auparavant, portons notre attention sur le symbolisme ogdoadique.

Le triangle et le carré sont des symboles anciens du feu et de la terre. Par extension, ils symbolisent également l’esprit et le corps en relation avec un principe attribué à Pythagore liant l’esprit aux nombres impairs et la matière aux nombres pairs. A l’orée du Moyen Age, leur symbolisme s’enrichit de significations décrivant la totalité du processus mystique.

Au premier stade, le corps et l’âme se situent en une relation imparfaite illustrée par le schéma suivant :
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Après les premiers efforts d’un travail de perfectionnement de soi, l’âme s’élève et tend à s’extraire de l’influence de la matière. A l’issue du processus, elle atteint le stade du sacrifice de soi correspondant à l’idéal ascétique.
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Cette figure possède cinq angles. Le chiffre cinq symbolise la condition humaine menée au sacrifice, la vie du corps caractérisée par les cinq sens. La tradition chrétienne médiévale est riche d’interprétations sur les cinq plaies du Christ, cinq n’étant ici justifié que par sa valeur symbolique attachée à la notion de sacrifice et certainement pas par des raisons historiques ou scripturales.

Ce schéma peut également évoquer les contours d’une maison, ce qui est attesté par le symbolisme médiéval de la Maison du Sacrifice. La Maison du Sacrifice apparaît dans les représentations pascales, munies de deux piliers, de l’agneau sacrifié dans l’encadrement et du Tau sur le fronton. Giotto en a donné un exemple dans sa Présentation de la Vierge au temple.

Cependant, le corps et l’âme auront à franchir une étape de séparation, soit par la mort physique. soit par l’expérience mystique. Cette phase est symbolisée par la figure dont le nombre associé est sept :
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L’idéal ultime du mystique réside pourtant au-delà. L’âme doit revenir. Elle doit réintégrer le corps qu’elle partagea dans le sacrifice et partagera maintenant en gloire. De même, le contemplatif quitte le désert et revient aider et enseigner. L’âme, désormais confirmée dans sa vision céleste, pourra porter son regard vers le monde d’en bas sans être mis en péril. Un grand initié de la tradition ogdoadique au xv°siècle écrivait que l’âme à cette étape revêtait son « visage de Janus », regardant vers le bas sans cesser de contempler le haut :
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Dans cet état, l’âme est à nouveau recentrée sur la matière, mais alors en parfait équilibre représenté par l’étoile à huit branches, l’ultime symbole ogdoadique :

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L’étoile à huit branches

L’interprétation de ces symboles, dans un contexte général, ne nous livrera qu’une faible part de leur signification profonde. Il faudra se référer au contexte de la Kabbale pour aller au-delà, pour analyser leurs relations avec les niveaux de la psyché, comme avec ceux de l’univers.

Deux de ces schémas sont d’une importance vitale en Haute Magie. La structure quintuple, la Maison du Sacrifice, est en rapport direct avec le modèle kabbalistique de la psyché. Pour cette raison, on l’utilise comme modèle pour les rituels. Elle est extrêmement efficace dans cette fonction, car elle provoque une réponse de chaque zone de la psyché selon une séquence appropriée.

L’autre figure importante est l’étoile à huit branches à entrelacs sans fin, symbole fondamental de l’Ordre, celui de la régénération, de l’accomplissement magique, de la Nouvelle Vie.

Il existe d’autres formes de l’étoile à huit branches, chacune ayant une signification spécifique, mais toutes porteuses du concept de régénération. Parmi elles, la Croix de Malte adoptée par les Chevaliers du Temple et les ordres apparentés, Chevaliers de Saint-Jean et Chevaliers teutoniques, à une période correspondant à un renouveau des ordres militaro-religieux. A l’origine, la croix des Templiers était une simple croix à quatre branches égales. L’adoption de l’étoile à huit branches témoigna, en langage symbolique, que les chevaliers appartenaient déjà à une vie au-delà de la vie terrestre. Pour qui connaît le poids de l’évidence historique de la démarche initiatique de ces hommes, il s’agit d’une interprétation indiscutable.

Nous rappellerons un autre chapitre de l’Histoire, également inspiré par le concept de régénération. Nous avons précédemment évoqué la reconnaissance de la terre vers la fin du premier millénaire, comme partie intégrante du plan cosmique. La Terre remplaçait alors la Lune comme note de base et décalait d’une place toutes les autres planètes. La Sphère des étoiles fixes ne complétait plus l’octave et était reléguée hors de l’épure. La huitième place, l’octave supérieure de la Terre, était occupée par Saturne, Saturne qui régit l’âge d’or, lointain et légendaire.

La Renaissance

Pour les penseurs mystiques et occultes de ce temps, l’intention apparaissait évidente. Tout était renouveau. Le millenium, ce sinistre aboutissement de mille ans, dont l’imagination populaire crut qu’il amènerait la fin du monde, était passé sans encombre. Les temps étaient achevés où le seul espoir de l’homme résidait en un retour à la sphère spirituelle, soit par les portes de la mort, soit par une simple évasion dont Cicéron avait si bien parlé. Le nouvel espoir était désormais centré sur la terre. L’âge d’or reviendrait.

Ainsi naquit la pensée inspiratrice de la Renaissance, plusieurs générations avant la prise de Constantinople par les Turcs en 1453.

Aujourd’hui, ceux qui se réclament de l’héritage de ces traditions, veulent livrer une interprétation de l’Étoile glorieuse de régénération réconciliant les desseins spirituels et terrestres. Vivre pleinement pour ce monde ou pour nous rapprocher de notre chemin du retour intérieur dépend de notre effort quotidien vers la réalisation de notre potentiel. « Découvrir notre Aspiration suprême et la réaliser » représente la somme de toute aspiration. Mais la découverte et la réalisation nécessitent la présence et l’entrainement de certaines facultés. La voie de la haute magie répond à cette démarche.

Cependant, personne n’a pu fixer de limite au potentiel de développement de l’esprit humain. Notre Etoile elle-même est un entrelacs sans fin, un symbole de vie sans limite, ici et maintenant. Elle protège la matrice d’une autre promesse : l’octogone d’où naît la simple croix à branches égales, nouvelle tentative pour un nouveau cycle qui jaillit à son tour dans la resplendissante manifestation de l’étoile.

Ainsi, nous avons la vision fugitive des mondes au-delà des mondes et à l’intérieur des mondes. En vérité, il n’ existe ni fin ni limite.

L’étoile à huit branches est à la tradition ogdoadique ce qu’est la Rose de rubis et la Croix d’or à la tradition rosicrucienne : un symbole d’accomplissement spirituel. Nous n’avons aucunement l’intention de présenter les mystères ogdoadiques comme rivaux des mystères rosicruciens. Chaque tradition enchâsse à sa manière le même idéal de l’adeptat. Chacune possède des enseignements distincts et apporte son génie particulier à l’écriture du livre des mystères d’Occident.

Révéler son « moi » supérieur

La tradition ogdoatique est sans conteste la plus ancienne et son influence sur la spiritualité, la philosophie et la culture en Occident a été très profonde. Mais l’une et l’autre apparaissent comme les deux ailes supportant le cœur lumineux d’une même spiritualité.

Le but de la véritable magie est de relier la personnalité consciente avec le moi supérieur par un acte lucide et volontaire. Les pouvoirs de ce moi supérieur irriguent chaque niveau de l’être, activent chaque faculté de l’âme et du corps en une extase éveillée de réalisation et un dynamisme rayonnant de forces efficaces, dirigées, contrôlées.

La Haute Magie recouvre trois thèmes principaux. D’abord une présentation de l’univers conçu en fonction des principes de la Kabbale. Il est envisagé à la fois à l’échelle des puissantes forces du cosmos, décrites en une vision panoramique, et à celle du regard sur les détails qui identifient les influences subtiles de ces forces. Par le jeu de ces influences et par les énergies vivantes et les intelligences des différente niveaux d’existence, l’étudiant magicien mettra en œuvre sa magie.

Le second sujet couvert par la Haute Magie traite de la conception magique et kabbalistique de la psyché. La totalité de notre être, depuis l’étincelle divine jusqu’au centre du corps physique, s’étend à chaque niveau de l’univers et en est partie intégrante. Par la compréhension de notre moi intérieur, nous acquérons donc un moyen d’agir puissant et inaliénable. L’ancien oracle : « Connais-toi toi-même… » trouve en cette expérience son complément et son aboutissement : « et tu connaîtras l’univers et les dieux ». La connaissance du moi à chacun de ses niveaux est indispensable pour connaître son « Aspiration suprême » dont il appartient à l’étudiant de faire la découverte. Elle nourrira sa motivation et donnera un sens à son travail magique.

Ces deux parties qui se rapportent, l’une à l’univers extérieur et l’autre à l’univers intérieur, convergent et se rassemblent comme les parties indissociables d’un tout. Le troisième sujet constitue, en un certain sens, leur suite logique. L’homme et l’univers ayant été définis selon le vocabulaire et la structure de la Kabbale, leur interaction dans le domaine magique devient intelligible et exploitable.

Cette dernière partie inclut un inestimable trésor de techniques et de rituels magiques, de consécration d’armes magiques ou de talismans, de modèles de cérémonie accompagnés de tous les éléments permettant leur adaptation à des besoins spécifiques, etc. Les facultés cachées de la psyché, précédemment décrites dans la partie théorique, sont réintroduites au plan pratique de leur développement, Les exercices correspondants permettront à l’étudiant d’étendre son champ de perception et d’action à un niveau indispensable à la poursuite de l’œuvre magique.

La magie énochienne, complexe et très puissante, est pratiquée et expérimentée depuis longtemps par certains courants de Haute Magie. Elle nécessite divers matériaux et la formule rituelle de la Maison du Sacrifice est une des révélations les plus précieuses qui pourrait être donnée à ses pratiquants. Il s’agit d’une application pratique appartenant à la tradition ogdoadique. Dans cette formule, les niveaux distincts de la psyché sont activés en une séquence rigoureuse, afin de créer une forte tension énergétique dans toute opération où elle sera requise.

Certains lecteurs seront surpris, voire choqués, que des « secrets » de cette nature puissent être ainsi livrés à la curiosité publique sur un site internet. Qu’ils soient rassurés, Le fameux secret n’a pas la nature qu’ils supposent.

Prenons un exemple connu, celui de la franc-maçonnerie. Presque tout les rituels en ont été dévoilés, publiés ou reproduits. Pourtant chaque franc-maçon prononce encore, sans sourire, le serment de garder le silence sur ce qu’il aura vu ou entendu ; il sait bien que le véritable secret ne réside pas dans les paroles et les gestes. Le véritable secret, de nature indicible. est la parole imprononçable, celle qui se trouve au plus profond de lui-même et qu’il ne saurait dévoiler.

Notes : 1. L’Aurum Solis, également désigné comme « Order of the Sacred Word » (Ordre du Mot Sacré), fut fondé en 1897 en Grande-Bretagne par les membres d’une société qui, depuis sa création au XVIII'”siècle, s’était consacrée à l’étude des traditions anciennes. Le nom Aurum Solis (Or du Soleil) évoque, par une allusion symbolique, l’aspiration de ses membres à l’accomplissement magique, c’est-à-dire à l’adeptat. L’Aurum Solis n’a eu aucun lien avec l’ordre de la Golden Dawn, fondé une décennie plus tôt. Les traditions et les initiations des deux ordres sont, d’un point de vue historique et philosophique, séparées et distinctes. La tradition de la Golden Dawn est d’origine rosicrucienne alors que celle de l’Aurum Solis est ogdoadique.