Sorcières d’hier et d’aujourd’hui

devenir sorcier
Le petit enfant en a peur quand il la croise dans les livres, elle est désignée comme « méchante », c’est la mauvaise fée des contes qui ont bercé toutes les générations. La sorcière, du fond de nos croyances, incarne le Mal, elle repousse, effraie, éloigne. Elle est laide et mauvaise, elle est vieille ou sans âge.
Du moins jusqu’à il y a peu car, aujourd’hui, une nouvelle génération de « magiciennes » se dresse en revendiquant un nouveau statut, celui de la sorcière moderne, aux antipodes de l’archétype-repoussoir, terreur des bambins.

Aux débuts de la sorcellerie

La magie n’a jamais été réservée aux hommes. La place des femmes parmi les figures de la sorcellerie, qu’il s’agisse de magie blanche ou noire, n’est pas limitée par le genre. Masculin et féminin s’illustrent en sorcellerie, en fonction de leurs dons personnels : la force de caractère, le pouvoir de divination, le don de voyance et celui de parler aux forces de l’esprit, en sachant les dompter, sinon les commander. Ce n’est évidemment pas donné à tout le monde…

Un regard différent selon les époques

La sorcellerie fait partie de la vie, elle est un moyen, depuis toujours, de se défendre, se protéger, éloigner les pouvoirs maléfiques, se concilier les forces de la nature, elle représente un recours, un secours, en maintes circonstances. Celui comme celle qui la met en œuvre inspire à la fois respect et crainte. Cependant, la féminité de la sorcière devient, à certaines époques en particulier, une « circonstance aggravante », en raison du regard porté par la société, un regard bien misogyne !

Les sorcières au bûcher

L’influence de la religion, dès le Moyen-Age et jusqu’au XVIIème siècle, a joué un grand rôle dans la diabolisation des sorcières. Une image négative de la femme, une méfiance, une ignorance et une crainte face à sa différence, la peur de la sexualité féminine – toujours vue comme débridée, explosive et dangereuse – et la nécessité, sociale, économique, de maintenir les femmes dans une position subalterne par rapport aux hommes sont les valeurs du temps. Aux USA, en 1692 à Salem, petite ville du Massachusetts, le procès des sorcières reste tristement célèbre par le nombre de femmes accusées de sorcellerie dont plusieurs meurent sur le bûcher. En Europe, l’époque voit l’exécution de plus de trente mille femmes accusées de sorcellerie, certaines encore enfants, telle Maria, exécutée à 10 ans dans le Bas-Rhin en 1630. Mais aussi Jeanne d’Arc en 1431, la célèbre La Voisin dans « l’Affaire des poisons » en 1680. La chasse aux sorcières n’est pas une vue de l’esprit.

Aujourd’hui, les sorcières ont le vent en poupe

Mouvement une fois de plus né aux États-Unis, la sorcellerie a fait peau neuve. La wicca, religion néo-païenne, s’inspire de mythes antérieurs au christianisme, s’appuie sur les forces de la nature et rassemble, depuis les années 50, des adeptes venus de tous horizons et de toutes croyances. Un féminisme qui surfe sur l’image d’une femme moderne, décomplexée, indépendante et heureuse de l’être s’affiche, reprenant à son compte la figure de la sorcière, l’exacerbant ou bien la revendiquant. Née dans un corps féminin, on aurait de toute manière plus ou moins à voir avec la magie…

Des héroïnes de premier plan

La mode n’est pas en reste, qui porte au premier plan les joyeuses sorcières d’Halloween, leurs potirons dodus et leurs admirables déguisements, les multiples objets-cultes déclinant le succès planétaire du roman Harry Potter, qui met en scène le petit apprenti-sorcier du même nom et son double la charmante Hermione. La magie est partout, dans les séries télévisées et les propos des stars. Comment s’y retrouver ? Car, avec bon sens, on se doute que tout le monde ne peut être sorcier … ni sorcière, ce serait trop facile !

Une tradition de discrétion

La sorcellerie, la magie, accompagne l’humanité depuis sa création. Magie blanche, magie noire, ces deux sœurs opposées mais complémentaires ne sont pas autre chose que l’illustration de la dure condition humaine, partagée entre le Bien et le Mal. Pour exercer valablement la magie, il faut en être capable ou se confier à ceux qui le sont et demeurent dépositaires d’un savoir ancestral. Apprivoiser les forces occultes auxquelles nous sommes soumis, guider, apaiser les tourments, provoquer le succès, la réussite, c’est l’œuvre d’une vie et peu en possèdent le véritable pouvoir.
Les sorciers et les sorcières d’aujourd’hui sont bien installés dans la société, ils exercent leur métier depuis de longues années, ont souvent pignon sur rue, mais dans la discrétion. Ils ou elles ne portent pas de chapeaux pointus. Vous les croiserez sans leur prêter attention. Mais quand vous aurez trouvé leur chemin, soyez sûrs que votre vie en sera définitivement changée.