L’ésotérisme peut être considéré comme un vaste concept, multiforme et évolutif au fil des siècles. De manière générale, il se réfère à une connaissance de soi et de sa spiritualité, au-delà de la religiosité « basique » et admise par tous. De racine étymologique grecque, ce mot signifie « eso » (l’intérieur en français).
Connue également sous le nom de « doctrine des choses intérieures », il peut prendre la forme d’un enseignement spécifique ou d’une pratique spirituelle. Cette forme de pensée peut parfois désigner le « chemin de la sagesse », une route mystique qui en appelle à la propre interprétation mystique de chacun.
Cette pratique s’oppose à une « religiosité passive » qui consiste à suivre fidèlement une religion. D’autre part, il convient d’évoquer l’exotérisme. Cette connaissance constitue la compréhension de l’extérieur. Une connaissance intellectuelle et acceptée par tous qui ne demande aucune transcendance.
Afin d’aborder un cas concret, l’intégrisme musulman prône une lecture littérale du Coran. Ce mouvement n’incite pas à l’interprétation des textes mais à sa lecture passive et non réfléchie. Elle est par conséquent une pratique « exotérique ».
Si l’on reste dans la religion musulmane, le soufisme s’attache au sens profond des mots. Cette spiritualité envisage les textes sacrés comme des métaphores. Cette impénétrabilité épouse pleinement la signification de lecture « ésotérique » grâce à cette recherche de sens. Ce qui toutefois n’est pas le cas de l’Islam progressif, malgré une ouverture d’esprit certaine. Sa compréhension du Coran repose sur une vision « exotérique » des textes et non sur une transcendance mystique à travers les mots.
En d’autres mots, il est possible d’utiliser l’image de René Guénon, référence dans l’étude de l’ésotérisme, qui évoque « L’écorce et le noyau (El-Qishr wa el-Lobb). L’enveloppe ou l’écorce (el-qishr) constitue la sharî’a, la loi religieuse extérieure, comprise et suivie par tous. Elle représente une vision exotériste du monde. Le noyau (el-lobb), quant à lui, il prend la forme de la haqîqa, la vérité essentielle, plus difficile d’accès pour les non-initiés.
Des constatations identiques peuvent se faire dans les autres religions du Livre (judaïsme et christianisme) ainsi que dans tout autre courant mystique. Cette forme de pensée dépasse les religions pour une recherche intérieure de vérité et de spiritualité.
Relation entre l’ésotérisme et l’occultisme
La pensée ésotérique dans l’Antiquité
Outre cette définition, il est possible de rencontrer une signification différente à différentes époques. Cet autre sens représente un enseignement occulte compréhensible uniquement par l’initié, et impénétrable pour le profane. Ce concept ésotérique était populaire à différentes périodes telles que dans l’Égypte ancienne, la Grèce antique ainsi qu’en Extrême Orient. Des courants de pensée comme le pythagorisme, l’hindouisme, le bouddhisme Tantra, la Société secrète Rose-Croix, l’hermétisme, l’occultisme, etc. se réfèrent à cette signification.
L’ésotérisme est la « science du caché ». Ce concept spirituel se cultive depuis l’intérieur, entre initiés et loin des regards profanes. Cette spiritualité peut être considérée élitiste. En effet, des capacités intellectuelles ainsi qu’une maitrise spirituelle supérieure de son for intérieur sont la plupart du temps nécessaires afin d’accéder à cette alchimie mystique. Elle demande étude et dévouement total aux différents aspects de ce courant mystique.
Les deux sens définis précédemment ont par le passé présenté des limites floues. Le mouvement occulte du XXe siècle a permis un chevauchement de ces significations durant un certain temps. Le XIXe siècle a connu également des moments de confusion
Esotérisme et mysticisme
L’ésotérisme présente plusieurs facettes. Il repose sur une cosmologie, une anthropologie ou une théosophie. Principes et lois de ce Monde, origine et rôle de l’Homme, conscience du plan divin pour notre univers, cette notion spirituelle appelle au sens caché des choses et à leurs correspondances. Cette pensée occulte possède également un volet trans-personnelle reposant sur des mouvements occultes du monde contemporain telles que la kabbale, l’hermétisme, le New Age, etc. Ce concept hermétique est à la fois collectif et personnel.
Le mysticisme requiert de la même manière un niveau d’éveil élevé. Une certaine confusion entre les deux notions peut parfois s’opérer. Toutefois, un adepte de l’ésotérisme ne correspond pas exactement à la définition d’un mystique. Ce dernier possède une dévotion sans limite pour une divinité. Cela se matérialise par un culte « simple », dénué de dimension intellectuelle et transcendantale. Il se contente d’adorer un dieu de manière mécanique et sans aucune recherche de sens caché. Cependant, il convient de ne pas prêcher une éventuelle supériorité spirituelle de l’un ou de l’autre. Ces pensées sont différentes et répondent à des besoins personnels spécifiques.
Cette forme de pensée présente une complexité importante de courants ésotériques comme l’hermétisme alexandrin, les kabbales juive et chrétienne ; ainsi que des sciences plus « traditionnelles » telles que l’alchimie, l’astrologie etc…