Hématomancie

Quésaco la magie du sang ?

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Monstres assoiffés de sang (© Chris Achilleos)

Une définition de l’hématomancie

Communément appelée magie du sang, l’hématomancie (ou sanguimancie) est une pratique occulte basée sur la divination. On peut considérer l’hématomancie comme un art divinatoire à part entière bien qu’elle puise ses origines dans deux pratiques occultes distinctes : la magie rouge et ses sortilèges affectifs ou amoureux d’une part, et la nécromancie et son usage macabre de cadavres, d’autre part.

La terminologie employée pour qualifier cette magie ne laisse aucun doute, l’exploitation du sang est au cœur de cet art divinatoire. Sang humain ou sang d’animal, la prise s’effectuera toujours sur des organismes morts mais peut être élargie à toutes les sécrétions, déjections et souillures corporelles, qui sont considérées, dans les rituels de sang, comme étant porteuses de réponses. Cela pourrait expliquer pourquoi la pratique de l’hématomancie comporte tant de sacrifices violents, voire d’actes barbares. Animaux bien sûr, mais aussi bébés et enfants, le sang humain restant le fluide de prédilection. Il faut y voir un rappel de son lien naturel avec à la nécrophilie qui, sur le thème de la divination et de la clairvoyance, a servi de point de départ à différentes pratiques rituelles magiques telles que la psychomancie ou encore l’aruspicine. Aujourd’hui, l’hématomancie est quasiment réalisée dans un unique objectif divinatoire mais le sang continue à servir une large palette d’opérations de magie noire, dont il renforce l’efficacité. Les cérémonies de magie sexuelle et les messes noires en sont le plus parfait exemple.

On a pu faire la preuve de la pratique de l’hématomancie depuis l’Antiquité, chez les chaldéens, un peuple d’orient qui, à cette même époque, avait déjà derrière lui une très longue tradition divinatoire. Des rituels qui pouvaient d’ailleurs avoir une traduction inoffensive (bélomancie, divination par les flèches) mais aussi plus sombre (nécromancie, psychomancie).

Les principaux usages du sang dans l’hématomancie

Qu’ils fassent appel à la magie rouge ou à la magie noire, les rituels de sang se fixent divers objectifs que l’on peut classifier comme suit :

– Les gestes occultes de consécration pour garantir le pouvoir des objets grâce à quelques gouttes de sang. Ce rite permettra de consacrer les outils et instruments du sorcier.
– Les gestes occultes de protection pour purifier le lieu du rite et éloigner les mauvais esprits qui n’auraient pas été convoqués. Un cercle de sang magique est créé en lieu et place des traditionnels cercles de sel.
– Les accords contractualisés. Utilisé comme un sceau, l’empreinte sanglante scellera de manière irréversible un pacte avec un esprit ou une entité maléfique et surnaturelle.
– L’envoûtement amoureux. Le sang servira à confectionner des potions de magie sexuelle ou des philtres d’amour, comme illustré par le mythe de Tristan et Iseult(*).

Les techniques rituelles de sacrifice dans l’hématomancie

Les sacrifices d’animaux

Ils sont destinés à récupérer le sang des bêtes, leurs viscères mais aussi leur foie, les sorciers reconnaissant à ce dernier des propriétés magiques et divinatoires.
Certains animaux seront plus ou moins sacrifiés selon les cultures. Les poulets, les rats et les serpents servent essentiellement les rituels antillais et africains. Le mouton sera davantage sacrifié dans les Antilles ou le Maghreb. Les chèvres, les chats noirs et les chiens sont généralement très appréciés.

Les sacrifices humains

La loi restreint considérablement cette pratique. Les sorciers modernes reconnaissent une plus grande efficacité à la magie du sang lorsqu’il provient d’un être humain mais, les participations volontaires n’étant plus dans les mentalités actuelles, ils lui préfèrent un fluide d’origine animale pour ne pas s’exposer à l’illégalité en utilisant des victimes non consentantes.

Les précautions à prendre avec le sang lors des rituels de l’hématomancie

Qu’il s’agisse de sang d’un tiers, animal ou humain, ou que l’on prélève son propre sang, la manipulation de tout liquide biologique n’est pas sans danger. Ce dernier peut véhiculer des agents infectieux et le sang, précisément, présente des risques de contamination réels et nombreux (bactéries, virus, parasites et champignons). Les règles les plus strictes d’hygiène seront observées (port de gant, lavage des mains, stérilisation des ustensiles,…). Concernant l’aspect purement occulte de la pratique, les points de vigilance porteront sur le lanceur de sort.
Le sang est certes un symbole de vie mais dans l’univers de la magie, l’« encre de la mort » peut révéler une certaine ambivalence en se retournant contre le sorcier ou encore en créant une situation de dépendance permanente entre l’invocateur et l’invoqué. A noter également qu’un rituel de sanguimancie comporte un risque d’effet boomerang plus important que dans le cas d’un rituel dit “classique”.